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  • : Le blog de Martine Frappin
  • : Martine Frappin est candidate ps aux élections de 2008, pour le canton de Montauban-de-Bretagne. Femme de gauche avant tout, elle est particulièrement engagée dans les questions de l'environnement et du développement durable.
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                                                                                                                      Martine F.

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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 23:59
Faim dans le monde (CO2 mon Amour - F. Inter) 13/09/08

Denis Cheissoux
La spirale de la faim n'est pas exactement une nouveauté, parce qu'on rappelle qu'il y a entre 900 millions et 1 milliard d'individus qui sont sous-alimentés, ou qui ont des problèmes encore plus importants, dans le monde, depuis très longtemps. D'ailleurs, lorsqu'on parle de pays ne voie de développement, pour certains ce sont des pays en voie de développement de la famine

Jean-Marie Pelt
Absolument. Alors, les chiffres qu'on avance d'habitude, c'est 860 millions de gens qui ne mangent pas à leur faim, et 9 millions qui meurent de faim. Par an. C'est considérable, c'est un chiffre énorme.
Alors, il y a eu au cours des derniers mois une alerte subite: la montée en flèche des prix du pétrole, et la montée en flèche du prix des matières premières alimentaires. Et il y a eu des émeutes de la faim, dans de très nombreux pays (une quarantaine). Il faut savoir que c'était le cas aussi autrefois en Europe. Et que la Révolution française est très largement due aux récoltes désastreuses de l'année qui a précédé 1789, où les gens avaient très faim, et réclamaient au roi du pain. Et c'est exactement ce qui se passe avec les émeutes de la faim. Et la question c'est de se dire: mais que se passe-t-il? Puisqu'on n'a cessé de nous rabâcher qu'il y avait de formidables surproductions agricoles, qu'on les bradait pour presque rien dans les pays du Tiers Monde. Alors comment se fait-il que tout d'un coup, il n'y ait plus de surproduction, et que par conséquent, beaucoup de pays du Tiers Monde soient affamés?

- Il y a à cela beaucoup de raisons. D'abord, il y a effectivement ce fameux changement climatique, qui fait que les accidents météorologiques sont plus nombreux et plus graves. Il y a presque tout le temps de formidables sécheresses en Australie, mais dans d'autres pays aussi. Les récoltes diminuent.

- Il y a le fait qu'on a dérivé vers les agrocarburants des quantités importantes d'aliments, en particulier les grains de maïs.

Denis Cheissoux
C'est intéressant que la première émeute de la faim a eu lieu à Mexico, qui est la capitale d'un pays qui est pourtant développé. Le détonateur, c'est la flambée du maïs, qui a été dopée par la demande en agrocarburants. Et aujourd'hui, ce maïs représente 30% de la récolte américaine. Donc quand on est passé en très peu de temps de 7 à 14 pesos le kilo, ça a complètement explosé. Derrière, il y a l'ALENA, un accord de libre-échange nord-américain, qui a été signé en 1994 avec le Mexique et le Canada. Simplement, les gagnants, ce sont toujours les mêmes. Et là, on en est quand même à un paradoxe de la mondialisation, parce que le Mexique est un des premiers producteurs de maïs aujourd'hui. Il est devenue de plus en plus dépendant du maïs américain transgénique qui est produit de manière extrêmement intensive, mais à un prix plus bas. Ce qui fait que ces Mexicains qui produisaient le maïs, voient maintenant la marijuana qui est devenue la première production, avant le maïs.

Jean-Marie Pelt
Oui. Alors il n'était pas raisonnable du tout d'utiliser les graines de maïs pour faire de l'éthanol. Parce que si on veut faire des agrocarburants, au minimum, il faut prendre la plante entière, et pas seulement les grains. Parce que c'est un gâchis énorme.

Denis Cheissoux
Alors on nous dit; conduire ou manger, il faut choisir. Mais certains disent: oui, mais c'est la première génération il fallait passer par le grain, et non pas avec l'ensemble de la plante.

Jean-Marie Pelt
Et bien non. Il fallait trouver évidemment des moyens pour faire fermenter la plante tout entière pour fabriquer de l'éthanol, grâce à des bactéries judicieusement choisies pour ça - ce sont les recherches qui sont en cours actuellement - et passer aux actes après. Sans faire ce prélèvement massif de graines alimentaires pour alimenter les voitures. C'est ce que dit Mr Didler, le grand spécialiste des Nations Unies, qui appelle d'ailleurs ça - et il n'a pas tort - un crime contre l'humanité.

- Il y a une 3ème raison, qui est subtile. Ici, chez nous en France, on ne cesse de parler de la Politique Agricole Commune (PAC). Or la PAC, ça consiste à prélever sur le budget de l'Europe 50% de son budget global - c'est un chiffre énorme -, pour l'agriculture, visant à subventionner la culture des céréales (le maïs par exemple), ne subventionnant pas la bio, ni les maraîchages, ni l'herbe. De sorte que les vaches, au lieu de manger de l'herbe, mangent des tourteaux de soja qui viennent d'Argentine ou d'Amérique du Nord. D'où notre totale dépendance en protéines, et qui sont des tourteaux OGM par dessus le marché. Alors nous avons, avec cette agriculture, des surproductions, qu'en fait nous mettons à la disposition des pays très pauvres. Ce qui veut dire que leur agriculture vivrière est au tapis. Parce qu'un paysan d'un pays pauvre n'est pas subventionné. Donc il produit plus cher; donc il ne peut plus produire. Et donc toute l'agriculture des pays traditionnels est en effet maintenant coincée.
En plus, le FMI demande à ces pays pauvres de produire des aliments ou du coton, pour l'exportation - pas pour se nourrir eux-mêmes - afin de diminuer leur dette à l'égard des pays riches. Alors le FMI commence à se rendre compte qu'il s'est trompé, et qu'il faut, dans les pays pauvres, développer les cultures vivrières, consommables sur place. L'idée étant qu'il faudrait arriver à ce que chaque pays ait un minimum d'autonomie alimentaire.

Se greffe là dessus - parce que nous sommes dans un système capitaliste, n'est-ce pas - la spéculation. Alors on a beaucoup spéculé sur les matières premières alimentaires. On les a stockées, donc on a diminué les quantités disponibles sur les marchés, au moment où on en avait le plus besoin. Donc on a fait s'envoler les prix.

Denis Cheissoux
Voilà. Et du côté de Genève, et de la City à Londres - c'est là vraiment que ça se passe aujourd'hui -, des mastodontes du négoce, comme Cargile, Louis Dreyfus, sont extrêmement discrets, mais tiennent aussi une bonne partie de la solution. Et leur boulot, de toute façon, c'est d'acheter et de vendre.

Jean-Marie Pelt
C'est ça. Et quand ils stockent, ils font monter les prix. C'est ce qui s'est passé, parce qu'il y avait des problèmes sur les cours des matières premières type pétrole, et on s'est rabattu à la spéculation sur les aliments.
Moralité: je ne crois pas que les méthodes capitalistes soient applicables à l'agriculture. Je pense que l'agriculture devrait complètement échapper à ce système pervers. Et que nous devons évidemment aller vers l'aide aux pays pauvres, pour qu'ils développent leur propre agriculture pour eux.

Denis Cheissoux
On rajoute bien sûr une demande de plus en plus forte, de la part des Indiens, des Chinois.


Merci Jean-Marie.

 

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